Vigilance grand froid, l’hypocrisie de l’Etat : refus de mise à l’abri malgré les places disponibles.

Communiqué de presse de l’association Solmiré

Suite à la récente chute des températures, le département du Doubs a été placé en vigilance grand froid ce lundi 8 janvier. Sur les réseaux sociaux, le Préfet conseille donc aux habitants du Doubs : “évitez les expositions prolongées au froid et au vent, habillez-vous chaudement” ou encore “si vous remarquez une personne sans abri ou en difficulté, prévenez le 115”.

Malgré les températures négatives, le 115 du Doubs refuse pourtant d’héberger une jeune fille de 15 ans ainsi que d’autres jeunes à la rue.

“C’est complet, toutes nos structures sont occupées”, répondent les écoutants du 115 aux personnes qui, suivant les conseils du Préfet, signalent des individus à la rue.

Complet ? Et la maison éclusière du quartier Tarragnoz, alors ? A l’automne dernier, l’État a financé dans cette maison la création d’une structure d’hébergement d’urgence d’une capacité de 20 places. Fléchées par le 115, ces places étaient destinées aux mineurs isolés étrangers dont la minorité est contestée et qui se retrouvent à la rue à Besançon.

Depuis le 21 décembre 2023, les travaux sont finalisés, les travailleuses sociales sont embauchées, les lits sont prêts….. mais restent désespérément vides. Pour justifier cette situation ubuesque, la Préfecture affirme qu’elle destine ces places de manière prioritaire aux jeunes que la Mairie de Besançon héberge Place de l’Europe.

En effet, depuis le 4 octobre 2023, la Municipalité a mis à disposition deux étages d’un immeuble à Planoise appartenant à un bailleur social pour y loger des jeunes à la rue. Grâce à une mobilisation collective, 35 jeunes y trouvent actuellement refuge.

Néanmoins, l’État utilise les autres étages de cet immeuble comme structure d’accueil pour des personnes exilées déplacées de Paris et de Calais vers la province. Souhaitant attribuer à cet usage l’intégralité du bâtiment, il cherche donc à en faire partir les occupants.

Il apparaît ainsi que la politique de l’État en matière d’urgence sociale consiste à reloger des jeunes déjà à l’abri, tout en maintenant par ailleurs de nombreux autres mineur.es à la rue.

Cette politique portée par le Préfet expose les personnes laissées à la rue aux risques climatiques, sanitaires mais aussi à ceux d’agressions et de viols. Elle témoigne d’une logique bureaucratique qui ne se soucie ni de la protection des populations ni du respect des droits fondamentaux de l’enfant.

Ironie du sort ou cynique hasard… De mars 2021 à août 2022, l’association Solmiré avait procédé à la réquisition citoyenne de la même maison éclusière afin d’y mettre à l’abri des jeunes qui en étaient dépourvus. Cette action de désobéissance était alors justifiée par une situation d’urgence, l’existence de bâtiments publics inoccupés et le refus de l’État de protéger ces populations.

Aujourd’hui, ces trois facteurs semblent de nouveau réunis. Quels leviers déployer alors pour permettre aux enfants à la rue d’accéder à cette maison vide, équipée et chauffée ?

L’association Solmiré le 11 janvier 2024

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